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Le stand de mon premier marché au Japon, à Tsu, dans la préfecture de Mie.
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Parlons des dépôts-vente

Aujourd’hui j’ai envie d’apporter un petit éclairage au sujet des pratiques, parfois abusives, des dépôts-vente, boutiques créateurs, etc.
Je vois de plus en plus dans les groupes de créateurs un ras le bol qui monte devant la charge abusive que représente parfois la présence en boutique de leurs créations. Du coup je vous propose de tout reprendre depuis le début ^^

 

Un créateur, c’est quoi ?

Un créateur est un indépendant, un entrepreneur, qui propose ses créations et parfois des services à la vente. Il paie un loyer, des charges, des fournisseurs, des matières premières et il investi énormément de temps dans la création des ses produits mais aussi pour se faire connaître, gérer les réseaux sociaux, sa boutique en ligne, ses marketplace s’il en a, etc. En bref, comme n’importe quelle autre personne ayant une entreprise.

 

Un revendeur, c’est quoi ?

Un revendeur est un indépendant, un entrepreneur, qui propose des objets, de la nourriture, n’importe quel bien à la vente. Il paie un loyer, des charges, des fournisseurs et investi énormément de temps dans sa boutique, mais aussi pour faire connaître sa boutique, gérer les réseaux sociaux, son stock, etc. En bref, comme n’importe quelle autre personne ayant une entreprise.

Finalement, on se rend compte qu’on a beaucoup de points communs non ?

 

Que veut dire avoir une entreprise ?

Quand on a une entreprise, on prend un risque. Qu’on soit créateur ou revendeur (ou encore dans les services), on a des charges à payer, du stock à acheter ou à fabriquer. Si on doit le fabriquer il faut acheter les matières premières pour. On n’est pas sûr de réussir à vendre notre stock, on ne sait pas à l’avance, si on va réussir notre pari ou se planter !
Monter une entreprise n’est jamais facile, on doit apprendre plein de choses, faire plein de métiers à la fois et prendre un risque financier.
Mais c’est quand-même une belle aventure, une expérience riche en apprentissage et en rencontres ?

 

Comment fonctionne une boutique ?

Et bien il y a plusieurs réponses à cette question que je vais vous lister et vous décrire brièvement :

1. Des créateurs décident de se regrouper et d’ouvrir une boutique ensemble. Pour cela, ils vont se partager les charges, c’est à dire le loyer du local, l’électricité, etc., mais également le travail, c’est à dire les permanences, la déco, faire vivre la page Facebook de la boutique, faire la promotion, etc.
Dans ces cas là, les coûts varient en fonction du prix du loyer (et les loyers ne sont pas les mêmes à Paris que dans un petit village perdu au fin fond de la France ^^) et aussi du nombre de créateurs participants, puisqu’on divise les charges par le nombre de créateurs investis.

2. Un commerçant a envie d’ouvrir une boutique. Il investi dans son business comme n’importe quel autre entrepreneur. Il paie des charges, parfois un ou des employés, il achète du stock qu’il va revendre avec une marge suffisante pour couvrir ses charges et se rémunérer, il va assurer la promotion de sa boutique, etc. En bref, comme n’importe quelle boutique normale que l’on trouve près de chez nous.
Pour pouvoir rentrer dans ses frais, il a besoin de vendre ses articles 2 ou 2.5 fois (parfois plus) plus cher que leur prix d’achat.
Le créateur doit donc avoir un prix de vente professionnel, afin que le commerçant puisse faire sa marge, dans l’idéal sans dépasser le prix de vente directe du créateur.
Le commerçant va donc “prendre” 50% au moins du prix de la création, mais il achète le stock, ce qui se traduit pour le créateur par une vente de plusieurs pièces en une fois, ce qui est très intéressant.

3. Un créateur ou un commerçant a envie d’ouvrir une boutique, MAIS ne veut pas prendre trop de risques (et c’est tout à fait compréhensible). Il décide donc d’ouvrir un dépôt-vente. Il paie des charges, assure la promotion de sa boutique, etc., tout pareil que pour une boutique standard, à l’exception qu’il n’achète pas son stock. A la place, des créateurs vont lui mettre à disposition une partie de leur propre stock, et le dépositaire (le propriétaire de la boutique) se rémunère grâce à une commission sur les ventes, c’est à dire, un pourcentage retenu sur les ventes des produits que les créateurs exposent dans sa boutique. En général le pourcentage varie autour de 30%.
Le dépositaire (commerçant) va donc “prendre” 30% du prix de la création, ce qui est donc moins qu’en achetant la création. Mais c’est bien normal puisqu’il n’achète pas le stock, il a donc moins de charges et il prend moins de risques.
Le créateur gagne donc un peu plus sur une vente qu’en passant par un commerçant standard, mais il n’est pas assuré de bien vendre son stock, alors qu’avec un commerçant standard, son stock est déjà vendu.
Et s’il ne vend rien, le commerçant ne perd pas d’argent, puisqu’il n’aura pas payé les créations (bien entendu, il paiera quand même ses charges, comme tous les entrepreneurs).
C’est également un système intéressant, qui permet aux deux parties d’être gagnantes.

 

Mais alors, qu’est-ce qui cloche ?

Et bien le problème, relevé par beaucoup de créateurs, et qui à tendance à grossir, beaucoup, beaucoup, c’est qu’une partie des revendeurs (qui sont parfois également créateurs) ne joue plus le jeu !
Ce qui se traduit par des boutiques où le créateur doit payer un loyer, faire des permanences et en plus donner un pourcentage de ses ventes. Et parfois les sommes en jeu sont vraiment très grandes (trop), et le créateur ne peut pas être rentable, et dans certains cas, perd de l’argent.
Il faut savoir que beaucoup de créateurs ne vivent pas de leur créations, ou en tout cas, pas très bien. Certains conservent un emploi salarié au moins à mi-temps pour pouvoir vivre.
J’aimerais vous partager une phrase que j’ai lue, phrase qui m’a donné envie d’écrire cet article car pour moi c’est là qu’est le problème :
“Il est trop facile de faire du dépôt sans prendre de risques… Les personnes possédant une boutique prennent tous les risques sans que vous (les créateurs) n’en preniez aucun…”
Cette phrase faisait suite au questionnement d’une créatrice qui souhaitait trouver un dépôt-vente qui ne demande pas un loyer en plus du pourcentage sur les ventes (sauf si bien-sûr, tout est ramené dans une proportion saine comme 30€ de loyer par mois et 10% sur les ventes. Le sujet faisait référence aux abus.) et en plus, parfois, des permanences à assurer dans la boutique.

Voici donc ma réponse à ce genre de commentaire.
Quand un créateur fait un dépôt-vente, il PREND un risque justement. Avoir du stock “dehors” a un coût ! Puisque les matières nécessaires à la créations ont été payées par le créateur, qu’il a en plus forcément investi son temps, souvent beaucoup de temps, à la création et la fabrication des pièces qu’il confie au dépositaire. Parce-qu’il faut multiplier les stocks, qui ne sont pas sûrs d’être vendus, pour également en avoir un pour la vente sur le site marchand du créateur (s’il en a un) ou pour de la vente directe, pour faire des marchés, etc. Et surtout, le créateur n’est pas certain de vendre !
Donc NON, il n’est pas facile de faire du dépôt-vente et c’est une prise de risque pour le créateur.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans le dépôt-vente, une partie du risque de la boutique est transférée sur le créateur, mais en contrepartie, il peut gagner plus qu’en vendant à un commerçant standard (sur une pièce donnée, je précise, car si le stock acheté par le commerçant est important, c’est super intéressant pour le créateur.). C’est là que c’est gagnant-gagnant. Si on enlève le gain d’argent plus important (sur une pièce donnée), alors le dépôt-vente n’a aucun intérêt pour le créateur. Dans ce cas, le créateur a tout intérêt à se tourner vers des boutiques et des commerçants prêts à acheter ses produits directement. Et si ce n’est pas possible, s’il ne trouve pas de commerçant souhaitant acheter ses créations, alors il peut ouvrir sa propre boutique avec le système numéro 1 ou se concentrer sur les marchés, sur son site Internet, etc.

Petit exemple pour bien comprendre la situation
Remplacez le mot “créateur” par n’importe quel autre métier comme “boulanger” par exemple, et vous allez vous rendre compte que ce qui se passe n’est pas normal.
Prenons un supermarché. Ce supermarché a envie de vendre les baguettes de Madame B. Il va donc contacter Madame B et lui proposer ce qui suit :
“Bonjour Madame B, vos baguettes sont bien belles et bien bonnes, nous aimerions beaucoup les distribuer dans notre joli supermarché. Voici nos conditions :
– Un loyer mensuel de 150€ (parce-que vous comprenez, les loyers sont très chers par chez-nous !)
– Un pourcentage sur les ventes de 30% (parce qu’il faut bien qu’on se rémunère)
– Et 4 permanences dans le mois où vous viendrez tenir la caisse du supermarché (parce-que vous comprenez, embaucher du personnel coûte cher !)
Nous comptons sur vous !”
Ça vous choque ? Et bien c’est normal ^^ (et encore, je n’ai pas pris le pire des conditions que j’ai trouvé.). Car ici, on demande les conditions du type de boutique N°1 en plus du N°3 !
Tous ces coûts ne doivent pas être pris en charge par le créateur ! Cela relève du risque que prend le commerçant avec son entreprise et le créateur n’a rien à voir là-dedans ! On n’oserait pas proposer ça à un autre corps de métier. Mais voilà, les créateurs sont vulnérables et souvent ne se rendent pas compte tout de suite qu’ils sont en train de se tirer une balle dans le pied, et finissent malheureusement par tout arrêter.

Attention, je voudrais quand-même mesurer certains propos pour qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit ^^
Si un dépôt-vente propose un loyer en plus d’un pourcentage, ce n’est pas forcément à fuir. Mais, il faut que la proportion soit juste, c’est à dire que si on met un loyer le pourcentage prélevé doit être moindre. Vraiment.
Mais, il y a quand-même quelques commerçants qui se paient tout simplement avec les loyers qu’ils demandent aux créateurs. C’est à dire que sans avoir besoin de vendre, ils arrivent à payer leurs charges et leur salaire.
Ici, je parle surtout des abus, il y a évidemment plein de boutiques qui font un super boulot, et qui sont très correctes et professionnelles. Je le précise car je ne voudrais pas que mes propos soient déformés.

 

Le mot de la fin

Pour conclure, je rappelle que lorsque l’on monte une entreprise, comme je l’ai dit plus haut, on prend un risque. Le créateur prend un risque pour lui-même, le commerçant prend un risque pour lui-même, de même que pour n’importe quel entrepreneur. C’est le jeu !
Par contre transférer tous les risques du commerçant au créateur, là, ce n’est pas normal. Car du coup, le commerçant n’a aucun risque, et peut-être du coup, pas beaucoup de motivation pour vendre, et le créateur prend deux fois plus de risques : les siens et ceux du commerçant.

J’espère que ces pratiques qui sont parfois vraiment abusives vont diminuer et disparaître à tout jamais. Car c’est vraiment très vilain de vouloir exploiter son prochain !
Voilà, voilà, je m’arrête là, car c’est article est vraiment, très, très long !

Bon courage à tous mes collègues artisans/créateurs ♥

This article has 1 comment

  1. Pilar Ortega Pastor

    Excellent article , vous avez très bien analysé le fonctionnement de toutes ces boutiques dont le loyer est payé par les créateurs!
    Souvent ceux ci ne vendent rien ou à peine pour rentrer dans leurs frais . Il y a des boutiques qui jouent le jeu et fonctionnent , mais elles sont rarissimes! Le plus souvent ces boutiques sont ouvertes par des « créatrice s» ne voulant pas prendre de risques et ayant besoin d’un local, le plus souvent poussant la vente leurs propres « créations »
    Les pigeons étant nombreux , le tournever est facile.
    Par ici une petite ville de campagne 3000 habitants
    Boutique placée sans passage loin du bourg je ne vois jamais personne à chacun de mes passage dans la rue , 60 euros loyer par mois 20 voire 30 % de com adhésion 30 euros année et obligation contrat de 3 mois ! Pour un espace de 70 cm de large !
    Et ce n’est pas la seule à pratiquer ce système dans les environs!
    C’est purement honteux et il n’y a pas assez de communication sur le sujet !
    Merci encore pour votre article.
    Pilar Ortega Oastor

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